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notes, citations, provocations et autre utilisation équitable:

Le Fossoir

le fossoir ou deux pointes


ascension

vadrouille conversationnelle, licence informatique, enclaves exquises



[ 1896 ] Monsieur Teste (Extraits du log-book)

Il y a des personages qui sentent que leurs sens les séparent du réel, de l'être. Ce sens en eux infecte leurs autres sens.
     Ce que je vois m'aveugle. Ce que j'entends m'assourdit. Ce en quoi je sais, cela me rend ignorant. J'ignore en tant et pour autant que je sais. Cette illumination devant moi est un bandeau et recouvre ou une nuit ou une lumière plus... Plus quoi? Ici le cercle ferme, de cet étrange renversement: la connaissance, comme un nuage sur l'être; le monde brillant, comme taie et opacité.
     Otez toute chose que j'y voie.

Paul Valéry



[1947] le livre de l'alpe

Au Motto, je me retourne pour la dernière fois. Dans une éclaircie imprévue, je vois l'alpe, couronnée de soleil; les roches resplendir comme de l'argent; les eaux étinceler come de la neige. Je regarde, les yeux fixes, pleins d'attention; l'âme tendue et suspendue; avec l'intense impression de vivre une heure grande.
     Alpe de ma premièe vie; chalets applatis, qui avez protégé mes sommeils innocents; pâturages fleuris qui m'avez vu tout enfant; sentiers, qui m'avez guidé mille fois, si sûrement, d'un lieu à l'autre; fraîches eaux, où si souvent j'ai trempé mes lèvres rouges; mélèzes, sapins, aulnes, hêtres, je ne puis vous quitter sans que mon coeur ne se déchire. Dans ce coin de terre si vert, si blotti, si miraculeusement silencieux, j'aurais pu vivre une longue vie, élever mes fils, attendre la mort. La destinée, au contraire, m'a entraîné bien loin. ell m'a jeté dans une trouble et difficile vie. Et peut-être me tuera-t-elle avant l'âge.
     Et pourtant je dois partir, je le veux. Demain, de bonne heure, je prendrai la route qui se détache, là-bas, de ce village bleu et rose. Dans le ciel trembleront les dernières étoiles. Mon âme jeune, malgré ses pleurs, sera toute fraîche et rayonnante. Mon père, sur le seuil, dans l'ombre de notre maison, encore une fois me dira: "Fils, marche avec le Seigneur."

Giuseppe Zoppi

[ 1990 ] hierographures

par Michel Barat
dans: 'Les cahiers des regards: Jouke Kleerebezem'
Galerie d'art contemporain Centre St. Vincent, Herblay
issn: 0990-7823

Hierographures

"Je répète que je suis". Ce n'est pas dans l'acte unique d'une pensée pure qui ne saurait être que solitaire que l'être peut se rassembler ni donner à voir son rassemblement. Bien au contraire, c'est dans la diversité des gravures, écritures et peintures que notre existence pourtant éclatée finit par accomplir son insistance au point que de la multiciplité des actes du poète ou du peintre déconstructeur naît la construction de ce que l'on appelle beauté parce que sens.
     L'art de Jouke Kleerebezem n'hésite pas entre la description gravée de la nature fugace du chant coloré des petits volatives et l'inscription du nom de Dieu au gré des artifices des langues conventionelles qui répètent le nom de celui qui ne saurait avoir de nom.
     Le regard, en effet, s'étonne. Il commence par effleurer des spectacles champêtres ou forrestiers, dont la précision n'est pas sans rappeler un maniérisme de bon aloi qui fait de la nature la source des charmes, et qui montre dans cette douceur une présence divine quasi en retrait, et finit par déchiffrer les lettres inscrites et gravées dans la solidité de la matière pour épeler le nom de celui dont on craint l'absence mais dont on redoute la présence, en passant par la souplesse casuistique du jugement théologique ou moral semblable à l'étirement d'un latex rétractile.
     On ne sait si l'art "imite la nature", "porte à son terme ce qu'elle n'aurait su achever" selon les termes du vieil Aristote ou si, au contraire, il construit un monde humain, rien qu'humain et tout artificiel à partir des éclats d'une déconstruction, fruit de l'activité technique. Où se situe l'art de Jouke Kleerebezem dans la maîtrise d'une technique précise ou dans la spontanéité du jaillissement poétique? Le regard se trouve-t-il face à l'objectivité même d'un réel indétournable ou perçoit-il l'arrière-monde d'une subjectivité se dévoilant dans la complicité de l'auteur et du spectateur?
     On ne sait. Ici tout est paradoxe, la technique la plus fine restitue une nature apparemment hors d'atteinte de la lourdeur des pas du traceur de routes, la spontanéité voire l'inspiration poétique montre l'obscénité inévitable de la matière dans laquelle l'homme s'entête à profondément graver les écrits, traces de la légèreté évanescent de la voix qui s'élève. On entend le chant des oiseaux qui osent se montrer hors de leur abri naturel et l'on devine le mouvement de l'écriture d'un homme qui insiste en répétant "Je suis".
     L'art n'hésite point mais s'inscrit dans le jeu même de l'existence, dans l'ambiguité de ceux qui désespérément cherchent racine dans une nature qui, en fin de compte n'est que le produit de notre technique ou la création de nos rêves, mais qui ne renoncent jamais à donner naissance à un monde autre, à réaliser malgré tout un humanité dont ils se sentent porteurs au nom de leur fragile insistance dans le monde ou en celui d'une toujours incertaine mais encore promise transcendance.
     J'inscris dans la gravure, la peinture et l'écriture l'acte même qui répète mon existence humaine. Je suis, j'écris, je peins, je grave, je pense peut-être et j'espère sans doute donner à penser c'est-à-dire ouvrir la possibilité de nouvelles écritures, de nouvelles peintures et de nouvelles gravures.

[ 1966 ] Critique et vérité

"Il est stérile de ramener l'œuvre à de l'explicite pur, puisque alors il n'y a tout de suite plus rien à en dire et que la fonction de l'œuvre ne peut être de fermer les lèvres de ceux qui la lisent; mais il est à peine moins vain de chercher dans l'œuvre ce qu'elle dirait sans le dire et de lui supposer un secret ultime, lequel découvert, il n'y aurait également plus rien à y ajouter: quoi qu'on dise de l'œuvre, il y reste toujours, comme à son premier moment, du langage, du sujet, de l'absence."

Roland Barthes

la bibliothèque Valerienne de l'auteur
bibliothèque Valérienne, 1991
diapositif 90 x 120mm., duratrans 30,2 x 42cm.

[ 2003 ] sites de création

par Max Bruinsma
dans: Sites de création; innover sur le web
traduit de l'anglais par Evelyne Châtelain-Diharce
Thames & Hudson, 2003
isbn: 2-87811-227-X
(version anglaise isbn: 0-500-28384-2)

(JK cité, page 127) "Le weblog, c'est une parole. Il exprime l'expérience quotidienne de son auteur, à travers des textes, des illustrations, des mises en pages, des choix éditoriaux, dont il est le seul maître. Les weblogs ne sont pas des critiques exhaustives qui prétendent mettre fin à l'invasion de l'information. Bien au contraire, ce sont des manières précises d'exprimer, d'un point de vue personnel et professionnel, le monde dans lequel vit l'auteur ; le contenu est tributaire du vecu et les connaissances d'un individu, pour le meilleur ou pour le pire. Les weblogs reflètent l'ambiance et l'humeur qui correspond à la vie que mène l'auteur. Ils manifestent une diversité subtile et infini qui n'attire généralement qu'un public très limité : des cercles de personnes aux affinités communes." (Jouke Kleerebezem Daily Operations; the Weblog, 2001).


(page 134-135) "Grand critique de la vie sur le Web, Jouke Kleerebezem (voir page 127) s'est fait un nom aux Pays-Bas en tant qu'artiste et curateur. Il habite dans un manoir en pleine campagne française et compense son isolement relatif par une collection sans cesse croissante des sites Web, une façon d'ancrer fermement la demeure et sa communauté dans l'espace virtuel. La maison et ses habitants sont décrits sur www.lemoulindumerle.com, une 'homepage' qui porte bien son nom.

Mais le principal, c'est-à-dire l'analyse critique d'Internet, est ailleurs, sur le site intitulé Notes Quotes Provocations and Other Fair Use. Avec un nom pareil, ce site met tous les chances de son côté pour se retrouver dans vos 'favoris'! C'est à la fois une base de données des écrits de Kleerebezem et un blog rempli de références sur le Web. Pour résumer le concept à la fois politique et culturel du site, Kleerebezem déclare: 'NQPaOFU est de l'édition personnelle plutôt qu'une publication personnelle ; un processus, une acte plutôt qu'un produit. Le rythme quotidien, le mélange d'informations, d'analyses, d'opinions et de critiques à la fois personnelles et 'professionnelles', les liens avec des autres weblogs, tout cela conduit à une connectivité qui, à mon avis, constitue la véritable 'profession de foi' qui se cache derrière le propos.' Grâce à une typographie nette et claire et une absence presque totale d'interface, à l'exception des nombreux hyperliens internes, Kleerebezem démontre que le Web est un seul texte si toutefois vous avez assez de créativité pour combiner vos notes personnelles et petites provocations avec une utilisation 'juste' des citations d'autrui.

A la lecture de 'First Things First 2000', un appel international à la responsabilité sociale et à l'esprit critique des designers graphiques publié dans Adbusters et dans de nombreux autres magazines, Kleerebezem c'est énervé contre ce qu'il considerait être de la 'bonne conscience' gratuite rédigée par une bande d'idéalistes de salon grassement payés et il a décidé de réagir: il a posté une critique féroce sur la liste de diffusion de Info-Design et, dès le lendemain matin, a réservé le nom de domaine www.idie.net, 'car c'est dans les réseaux de communication que le pouvoir de l'information émerge à l'heure actuelle.' Le site, surnomé' 'I DIE for change' (que l'on pourrait traduire par : je crêve d'envie de voir les choses changer), est une sorte de plateforme militante proposant des essais critiques et des déclarations de Kleerebezem ainsi que des liens vers de sites d'artistes, de designers et de théoriciens qui défendent une approche activiste et critique des nouveaux médias, de la société d'information et du Web. 'Je voudrai, explique Kleerebezem, que idie.net soit un projet plus collectif. Il aurait beaucoup à gagner d'une participation active, de recherches multiples, d'une production et d'une édition dynamique.' La simplicité de la présentation (une seule page avec des liens internes, écrite en HTMl de base) est une déclaration d'intention en soi. A mon avis, même si Kleerebezem reconnaît que le site est 'plus ou moins bloqué à son stade infantile', c'est l'une des meilleurs critiques que 'First Things First' pourrait espérér !


1) Les initiales NQPAOFU sont aussi celles de la devise latine de l'auteur: "Nunc Qualibet Parte Alloquium Orant Fratres Urbanitatis" (à présent, les frères citoyens font leurs sermons là où bon leur semble).


[ 2003 ] francologue, francomorphe, franconstruit

(à suivre)

fossoir: houe de vigneron à deux pointes

"Entre deux comperes se perdit le fossoir"
dans: French Proverbs from 1611

L'hommée, ou fousserée, ou fosserée, ou fessorée, c'est la surface de vigne qui peut être travaillé par un homme avec un "fossoir" en une journée.
Définition de mesure de surface, en Lyonnais et Beaujolais avant 7 avril 1795, quand les mesures variaient d'une province à l'autre, d'une ville à l'autre et même d'un village à l'autre.
dans: Anciens mesures en Lyonnais et Beaujolais


un cep de vigne pleurant

Un Cep de Vigne pleurant, "Après les larmes les fruits"
dans: Daniel de la Feuille, Devises et Emblemes, 1691


[ 2003 ] cv jk

(à suivre)

liste liens (thematique, chronologique, categorique)

thematique/categorique

projets institutionels
Silicon Rally (exposition, site Internet 19?)
Ubiscribe (publications Internet, 2003-)

projets individuels
The irremediable narrative (exposition, 1990)
L'ecole perdue du vraie (livre, 1986)
nqpaofu.com (site Internet, 1998-)
lemoulindumerle.com (site Internet, 1999-)

publications
Andrea Blum


















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Bourvil salade de fruits

Salade de fruits, Les rois fainéants/On a vécu pour ça,
Bourvil/Bourvil et Pierrette Bruno, Pathé 1959